Ils sentent bon, ils sont séduisants, et pourtant… les « parfums » ou « fragrances » qu’on retrouve dans la majorité des produits cosmétiques sont loin d’être inoffensifs. Invisibles sur les listes d’ingrédients, ces termes génériques cachent en réalité des mélanges complexes de substances chimiques, dont certaines peuvent être irritantes, allergisantes, voire perturbatrices endocriniennes.
Pour aller plus loin sur la composition des cosmétiques, j’aborde aussi ces sujets dans Cosmétiques vegan, une page qui aide à mieux comprendre ce que l’on applique chaque jour sur sa peau.
Le flou réglementaire derrière le mot « parfum »
Sur une liste INCI, le mot « parfum » ou « fragrance » peut regrouper plusieurs dizaines, voire centaines de composés chimiques. Il s’agit d’un terme générique autorisé par la réglementation pour protéger les formules dites « secrètes » des marques. Officiellement, cela permet d’éviter la copie industrielle. En réalité, cela prive surtout le consommateur de toute transparence.
Or, certains de ces composés sont connus pour leurs effets indésirables : allergènes puissants, perturbateurs endocriniens, substances sensibilisantes ou irritantes. Mais tant qu’ils sont regroupés sous le terme « fragrance », ils échappent à une obligation de déclaration individuelle.
Pourquoi ajoute-t-on du parfum dans les cosmétiques ?
Les marques ajoutent des parfums pour :
- Améliorer l’expérience sensorielle : un produit qui sent bon donne une impression de qualité.
- Masquer des odeurs d’ingrédients actifs : certaines matières premières naturelles ont une odeur forte ou peu agréable.
- Renforcer l’identité de marque : certains parfums sont créés pour correspondre à l’image olfactive d’une gamme.
Mais ces avantages marketing ont un coût pour la peau et la santé, surtout quand les ingrédients parfumants sont d’origine synthétique.
Les risques pour la peau et la santé
Parmi les effets connus des parfums synthétiques :
- Irritations et allergies cutanées, en particulier chez les peaux sensibles, réactives ou atopiques.
- Photosensibilisation, quand certaines molécules réagissent avec les UV.
- Troubles respiratoires, notamment en cas d’exposition prolongée ou répétée (asthme, maux de tête).
- Perturbations endocriniennes : certains composés comme les phtalates sont utilisés comme fixateurs de parfum, mais agissent comme des perturbateurs hormonaux.
Selon une étude de l’EWG (Environmental Working Group), près de 75 % des parfums contiennent des composés susceptibles d’interférer avec les hormones.
Des substances souvent dissimulées
Parmi les ingrédients les plus préoccupants :
- Limonene, Linalool, Citral : des allergènes fréquents issus des huiles essentielles, souvent oxydés.
- Musk synthétiques : imitent les phéromones naturelles mais sont bioaccumulables et potentiellement toxiques.
- Phtalates (ex. diethyl phthalate) : utilisés pour fixer les parfums, perturbateurs endocriniens avérés.
- Benzyl alcohol, Coumarin, Eugenol : substances allergènes courantes dans les compositions parfumées.
Quelle réglementation en Europe ?
L’Union européenne oblige à mentionner sur l’emballage 26 allergènes parfumants lorsqu’ils dépassent un certain seuil. Mais cela ne couvre qu’une infime partie des molécules utilisées dans l’industrie.
Le label COSMOS interdit certains parfums de synthèse, mais autorise des parfums naturels ou « nature-identiques », qui peuvent encore poser problème chez les peaux très réactives. C’est pourquoi certaines marques vont plus loin en supprimant toute fragrance superflue.
Quelles alternatives aux parfums classiques ?
Heureusement, il existe des options plus douces et plus saines :
- Parfums 100 % naturels à base d’huiles essentielles, mais attention aux risques allergiques.
- Hydrolats ou eaux florales, qui apportent une senteur subtile sans composés volatils agressifs.
- Formules sans parfum, idéales pour les peaux sensibles, les femmes enceintes et les bébés.
Certaines marques comme Ringana choisissent de ne pas ajouter de parfum du tout. Elles privilégient l’odeur naturelle des ingrédients, quitte à dérouter les habitués du « senteur agréable = produit efficace ».
Comment repérer un parfum problématique sur une étiquette ?
Voici quelques conseils pratiques :
- Évite les produits qui indiquent simplement « parfum » ou « fragrance » sans plus de détails.
- Privilégie les compositions courtes et transparentes.
- Méfie-toi des produits très parfumés, surtout s’ils sont destinés au visage ou aux zones sensibles.
- Utilise des applications comme INCI Beauty ou Yuka, tout en gardant un œil critique sur leur fonctionnement.
Faut-il bannir les parfums ?
Pas forcément, mais il est essentiel d’en comprendre les risques et les origines. Le parfum ne doit jamais être là uniquement pour masquer une mauvaise formulation. Un cosmétique vraiment sain n’a rien à cacher, pas même son odeur.
Adopter des soins sans parfum ou légèrement parfumés avec des extraits naturels bien tolérés est un vrai plus pour ta peau… et pour ta santé. Et au-delà du confort sensoriel, c’est un vrai engagement pour une cosmétique plus honnête.
Envie d’en finir avec les ingrédients opaques ? Commence par choisir des soins qui n’ont rien à dissimuler